Vaincre la léthargie de la fatigue musculaire

Femme qui se tient le cou, elle semble en douleur.

12 mai 2020  |   écrit par Philippe-Olivier Jasmin  |

Êtes-vous fatigué? Pas du type « j’ai mal dormi, ça ira mieux demain », mais plutôt « mes piles sont à plat pendant que je suis Sisyphe qui roule laborieusement sa gigantesque roche au sommet d’une montagne pour qu’elle dégringole inévitablement jusqu’en bas et recommencer encore et encore et encore… éternellement ». Cet état est épuisant en lui-même. Trahit par votre corps, tout effort est pénible et futile. Plutôt déprimant.

Mais ce gouffre n’est aucunement un cul de sac. Il est en effet possible de remonter à la surface de cet abysse aux allures infinies. Comme toute chose, il nécessite de canaliser adéquatement les efforts aux endroits stratégiques.

Suivez-moi pour vaincre la léthargie de la fatigue musculaire. Et stratégiquement, il convient d’abord de connaître son adversaire.

Types de fatigue musculaire

La fatigue musculaire représente la dégradation de la capacité du muscle à se contracter convenablement. Bref, le muscle refuse d’obéir à votre volonté. Techniquement, notre léthargie peut s’implanter de deux manières:

  • La fatigue neurologique;
  • La fatigue métabolique.

La fatigue musculaire neurologique

Incroyablement, la fatigue neurologique implique… les nerfs. En bref, le système nerveux s’épuise et devient incapable de maintenir une innervation, un lien de communication adéquat à vos muscles afin qu’ils vous obéissent. Nous pouvons identifier deux causes :

  • Le système nerveux est affamé et en pénurie de ressource;
  • Ou il manque de connections.

Premièrement, un influx nerveux ne voyage pas dans de la tuyauterie comme le sang. Il fait plutôt penser à des spectateurs faisant la vague dans un stade sportif. Tout le monde se lève à tour de rôle pour ensuite se rassoir. Et voilà, on obtient une illusion d’une vague déferlant dans la foule. De la même façon, chaque neurone se polarise et se dépolarise successivement, transmettant l’influx nerveux du point A au point B; dans ce cas-ci, du système nerveux central au muscle qui doit bouger. Inévitablement, chaque polarisation et dépolarisation consomme des ressources. Lorsqu’il y a pénurie, l’influx s’affaiblit. En conséquence, si le muscle reçoit moins d’ordres de se contracter, il contractera moins.

Deuxièmement, le système nerveux est comme un muscle : plus on s’en sert, plus il est efficace. Plus vous répétez un mouvement et plus le cerveau augmente le nombre de connections neurales. Un peu comme après une tempête de neige, il est plus facile de conduire sur une autoroute très passante que dans une petite rue isolée. C’est la raison pourquoi quand vous débutez un nouvel exercice, vous progressez promptement au rythme d’un écureuil ayant bu beaucoup trop de café pour rapidement vous fracasser la tête sur un plafond.

La fatigue musculaire métabolique

Dans une même ligne de pensée, l’environnement chimique et métabolique des muscles ont aussi son mot à dire quant à leur capacité à contracter. De la même manière, nous pouvons diviser ce dossier en deux catégories :

  • Le muscle manque de carburant, privé de ressources qu’il consomme pour lui permettre de contracter;
  • Ou l’environnement chimique sabote la capacité contractile. Autrement dit, si tu baignes dans un reflux d’égouts, tu as moins envie de suer au travail. La tuyauterie est bouchée quelque part…

Mécanismes qui assomment vos muscles

Bien sûr, plusieurs mécanismes peuvent alourdir notre équation et enivrer le carrousel du cercle vicieux :

  • Toute problématique musculaire. Si votre muscle boude, il est très probable qu’il soit réticent à contracter convenablement;
  • Toute compensation. Si un muscle est problématique, il peinera à accomplir sa mission. Afin que la fonction ne souffre pas, il exigera de l’aide à ses confrères voisins. Davantage de muscles qui contractent pour un même résultat implique une dépense d’énergie accrue et inutile;
  • Tout désalignement problématique. Dans toute problématique posturale, l’hypertonicité des muscles contractés concentriquement implique une contraction qui perdure sans cesse. De la même manière, les muscles à bout de bras prisonniers d’une position d’étirement contractent excentriquement afin de vainement retourner à leurs positions normales. Même si ces dépenses d’énergies paraissent anodines, ne vous laissez pas berner! Tout comme l’eau qui érode le plus résistant des massifs rocheux, cet état hypertonique permanent sabote vos réserves d’énergie;
  • Tout stress. La panoplie de mécanismes déployés par le corps lors de tout stress fait en sorte que le système nerveux se fait aller comme un sapin de Noël pour envoyer ses messagers à qui de droit. Et si le corps mobilise ses troupes sur un pied de guerre, il doit les payer. Ça coûte les deux yeux de la tête. Comme si ce n’était pas suffisant, le système sympathique inhibe le processus de guérison. Si le fond de ton sceau est une passoire, pas surprenant que celui-ci soit vide quand on a en de besoin.

Ok, vous avez compris. Il y a beaucoup de variables qui drainent votre énergie. Mais recharger des piles impliquent qu’à un moment donné, il va falloir vous brancher dans le courant.

Dormir pour vaincre la léthargie musculaire

Suis-je en train de vous dire de dormir pour ne plus être fatigué? Oui. Est-ce aussi simple que ça? Absolument. Est-ce facile? Peut-être pas dépendamment des circonstances. Néanmoins, une majorité excessive du processus de guérison s’accomplie durant la phase profonde du sommeil. Non, les « power naps » d’une quinzaine de minutes ne suffisent pas puisqu’un cycle de sommeil dure une à deux heures.

Vous dormez suffisamment, mais vous vous réveillez tout aussi épuisé? La qualité de votre sommeil pourrait être à investiguer. L’ombre d’une variable vous perturbe peut-être suffisamment pour vous garder prisonnier des phases plus légères, vous privant de cette récupération tant convoitée. Quand il est question de sommeil, la qualité prime sur la quantité.

Se faire masser pour vaincre la léthargie musculaire

Est-ce votre massothérapeute qui va recharger vos piles? Malheureusement non. Cependant, il serait prématuré de penser que la massothérapie a les mains liées. En effet, votre massothérapeute est maître dans l’art de relâcher votre musculature. Il défait avec doigté ces nœuds têtus et soulage aisément ces muscles obstinément contractés.

Côté circulatoire, un muscle avec un tonus restauré comprime moins les vaisseaux sanguins qui l’alimente et l’irrigue. Il irrigue ses égouts et l’afflux sanguin l’approvisionne de ressources nécessaires à son bon fonctionnement et au processus de guérison.

Et côté stress, la massothérapie en mange au petit-déjeuner.

Alors… problématique musculaire? Check. Compensation? Check. Posture? Check. Circulation stimulée? Check. Stress? Double check. Bref, la massothérapie jouera le rôle d’un GPS pour votre récupération et s’assurera que votre corps ne s’enfargera pas les pieds dans le tapis pendant qu’il récupère.

Néanmoins, tout comme le sommeil, il est certain que si votre alimentation n’est pas au rendez-vous, vous allez au bâton avec déjà deux prises. Si vous avez l’impression de brûler la chandelle par les deux bouts, ces variables devraient être les premières à investiguer. Alternativement, l’idéal serait de renforcer le corps afin qu’il puisse fournir l’effort exigé plus aisément, plus efficacement, et donc en se fatiguant moins ou en «zyeutant» moins la problématique. Alors quand quelqu’un vous demandera « Comment fais-tu pour ne pas être fatigué? », vous pourriez lui répondre avec votre meilleure imitation de Bruce Banner : « That’s my secret, Cap. I’m always angry tired. ».

Où quelques-uns perçoivent un fardeau, je vois une opportunité de devenir meilleur.

Bons soins!

RMPQ; Vaincre la léthargie de la fatigue musculaire. [En ligne], https://rmpq.ca/blogue/vaincre-la-lethargie-de-la-fatigue-musculaire/

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